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L’excès de ton malheur touche au destin prospère ;
Cœur las d’aimer ! ici t’attendent les meilleurs
Des biens que tu rêvas si vainement ailleurs.
C’est l’Aube… — O tentateur, assez de mots perfides !
Mon vœu, ne l’as-tu pas lu dans mes yeux avides,
Avides de nuit noire & de somme infini ?
Ne parle pas d’amour, ni d’espérance, ni
De bonheur : à jamais durci comme les pierres,
Mon cœur lâche a cessé de battre, & mes paupières
Succombent sous un poids invinciblement lourd…
Mon lit, je veux mon lit ! un lit profond & sourd.




VIATIQUE


Si la mort n’est pas l’ouverture
Du néant vaste où rien ne luit ;
S’il faut attendre dans sa nuit
On ne sait quelle aube future ;

Si l’espoir du repos nous ment ;
Si le tourment de la pensée
À la chair inerte & glacée
Survit impérissablement ;

Si la loi de Dieu tyrannique
Sur l’angoisse, triste oreiller !
Force les âmes de veiller
Jusques au jugement inique,