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Ils pouvaient, fascinés par l’aigrette des casques,
Suivre, fiers meurtriers, la Guerre aux durs sabots ;
Les carnavals rieurs leur présentaient des masques,
Et devant eux l’Orgie allumait ses flambeaux.

L’un eût fait resplendir sa ducale couronne
Aux accords du clairon saluant son réveil ;
L’autre eût vécu sans trouble, indolent lazzarone,
Convive de l’été, familier du soleil !

Quand un rêve entrevu nous souffle ses vertiges,
Le réel semble vide au cœur bien résolu…
Vainement le bonheur leur montrait ses prestiges :
Le bonheur est vulgaire… ils n’en ont pas voulu.


III


Ces hommes, ces héros, ils n’ont qu’une pensée
Qui fait l’âme indomptable & le nom immortel :
C’est de nous ramener leur grande fiancée
Pour lui donner enfin son temple & son autel.

Dans les âpres sentiers longtemps ils l’ont suivie,
Quand soudain l’atteignant & tombant à genoux,
Ils lui disent : « À toi notre âme & notre vie !
« Mère de nos esprits, viens, oh ! viens avec nous. »