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Un froid de mort fait dans leur pauvre chair
Glacer le sang, & leur veine est gelée.
Les cœurs pour eux se cuirassent de fer.
Le trépas vient. Ils vont sans mausolée
Pourrir au coin d’un champs ou d’une allée,
Et les corbeaux mangent leur corps transi
Que lavera la froide giboulée.
Ayez pitié des Enfants sans souci.

ENVOI

Pour cette vie effroyable, filée
De mal, de peine, ils te disent : Merci !
Muse, comme eux, avec eux exilée.
Ayez pitié des Enfants sans souci !




A UN POËTE


Rien n’est plus ennuyeux que ces villes banales
Débitant le soleil à faux poids, ou des eaux
Qui doivent aciérer nos muscles & nos os,
Pays d’albums usés, stations hivernales.

Des princes vagabonds illustrent leurs annales ;
Les hôteliers hargneux combinent des réseaux,
Et l’on voit fuir au loin la joie & les oiseaux
Devant de laids bourgeois livrés aux saturnales.