Page:Le Parnasse contemporain, II.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.




LOUISE COLET

———


PÆSTUM


La lascive Pæstum n’a pas laissé d’annales ;
L’oubli la châtia de son inanité ;
À peine si Tibulle en un vers a chanté
Les roses qui jonchaient ses molles saturnales.

Dans une plaine morne, où grincent les rafales,
Où la Mal’aria verse un souffle empesté,
Le néant la coucha de ses mains sépulcrales,
Et le passant se dit : « Elle n’a pas été. »

Mais voilà que, vibrant comme trois grandes lyres,
Surgissent lumineux d’un marécage noir
Ses trois temples, debout sur la pourpre du soir.

Clairs parvis, pleins jadis d’olympiens délires,
Les spectres de vos dieux errants sur les chemins
Sont-ils ces pâtres nus aux fiers profils romains ?