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Et sous les coups du vent les deux corolles blanches,
Comme des suppliants qui se tordent les bras,
Sans repos, sans espoir, tendaient leurs longues branches
Vers l’astre indifférent qui ne les voyait pas.

Moi je pris en pitié cette chose souffrante,
Ce silence isolé parmi tant d’êtres sourds,
Ce fantôme flétri, cette rose mourante,
Vierge encor d’un soleil qu’elle implorait toujours.

Je lui dis : Je te plains, pauvre fleur solitaire,
Que rien ne peut guérir ou ne vient consoler,
Douleur enracinée au milieu de la terre,
Qui ne peux pas marcher & ne peux pas parler.

O ma sœur en malheur ! nos âmes sont suivies
D’un même désespoir & d’un désir pareil.
Un but jamais atteint domine nos deux vies,
Et je cherche l’amour comme toi le soleil.