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— « Dans tes yeux, lui disais-je, ô Nyssia ! je vois
Tous mes rêves, tous mes pensers, toutes mes peines.
Rien qu’à les voir, mon sang se tarit dans mes veines.
Souriants sous la nacre, au fond de tes yeux froids
Ils vivent, je le crois. »

— « Suis sur tous ces reflets, suis la molle paresse
D’une flamme émoussée au fond d’un ciel plus doux.
Ces images de paix qui s’allongent vers nous,
Les sens-tu nous verser l’ineffable tendresse
De l’eau qui les caresse ? »

— « Nyssia, dans tes yeux je contemple, charmé,
Tous mes désirs nageant vers un azur plus tendre.
Tu regardes là-bas, Nyssia, sans m’entendre ;
Mais mon âme revoit son fantôme pâmé
Dans tes yeux enfermé. »

— Et pourtant, comme autour du bassin, me dit-elle.
Tout est morne ! Partout, vois, sur cette eau qui dort
Les arbres amaigris se penchent ; tout est mort.
On dirait sur la rive une noire dentelle ;
Cette source est mortelle. »

— « Prunelles, chers écrins aux limpides cristaux,
Quand la frange de jais de vos grands cils s’abaisse,
Et sur la joue au loin projette une ombre épaisse,
Je crois voir se fermer sur des eldorados
De funèbres rideaux. »