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Elle a le charme exquis de tout ce qui s’ignore.
Elle est blanche, elle a dix-sept ans,
Elle rayonne, elle a la clarté de l’aurore
Comme elle a l’âge du printemps.

Les heures des longs jours pour elle passent brèves ;
Et, s’exhalant comme un parfum,
Elle voit chaque nuit des blancheurs dans ses rêves,
Et toute sa vie en est un.

Telle elle est, ou du moins je la devine telle,
Lys candide, cygne ingénu.
Je la cherche, et bientôt, quand j’aurai dit : c’est elle !
Quand elle m’aura reconnu,

Je veux lui donner tout, ma vie et ma pensée,
Ma gloire et mon orgueil, et veux
Choisir pour la nommer enfin ma fiancée
Une nuit propice aux aveux.

Elle viendra s’asseoir sur un vieux banc de pierre,
Au fond du parc inexploré,
Et me regardera sans baisser la paupière.
Et moi, je m’agenouillerai.

Doucement dans mes mains je presserai les siennes,
Comme on tient des oiseaux captifs,
Et je lui conterai des choses très-anciennes,
Les choses des cœurs primitifs.

Elle m’écoutera, pensive et sans rien dire,
Mais fixant sur moi ses grands yeux
Avec tout ce qu’on peut mettre dans un sourire
D’amour pur et religieux.