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La Muse antique se réveille
Dans une sève de printemps.
Ce fut la maison de Corneille
Ouverte au siècle à deux battants ;
Ce fut le Cid, ce fut Chimène,
La pompe espagnole et romaine,
La grande fête où l’âme humaine
Reprenait son vol et ses droits.
Ce fut Polyeucte et Pauline,
Ce fut sur la haute colline
L’essor devant qui tout s’incline.
Les dieux de la terre et les rois.

Ce fut Rachel ; — gloire et prestige ! —
Mais sans périls qui peut grandir ?
Sur la cime, elle eut le vertige ;
L’or… elle vit l’or resplendir.
« Esméralda ! songe à ta chèvre ! »
Un frisson lui crispait la lèvre ;
Et quand au travers de sa fièvre
Venait briller l’âpre métal,
Lumière blafarde et jaunie,
Au seuil même de l’agonie,
Ce rayon troublait son génie :
Elle était morte à l’idéal.


V


Mais son pied, sur sa route, avait marqué sa trace.
Mais le Dieu jeune, — beau d’énergie et de grâce, —
Du premier jour, avait conquis son piédestal
D’un marbre pur, candide, et non d’un lourd métal.