Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Dans cette chanteuse en haillon
Palpitaient Monime, Hermione ;
La brebis cachait la lionne,
Un cygne était sous ce grillon,

Fille du peuple, à qui Dieu garde
La gloire, l’immortalité,
Monte et conquiers l’immensité,
Gravis la montagne et regarde :

Tes yeux, dans l’orbite enchâssés,
Ont la profondeur des yeux d’aigle ;
Marche, ton génie est ta règle ;
Marche, les frimas sont passés.

Tous, Anglais, Germain ou Tartare,
Reine ! sous ton pied vont fléchir ;
Le monde est là pour t’enrichir :
Prends ta sébile et ta guitare.

Prends ta sébile et souviens-toi
D’où tu sors, sublime cigale ;
Ta gloire au bonheur est fatale,
Prends ta guitare et souviens-toi ! —


IV


A chacun son drapeau, son exergue et sa forme ;
Je veux que l’art se meuve et vive, non qu’il dorme ;
Mais quand Rachel parut,
De l’art et du génie on niait la merveille :
« Peuple, je viens, dit-elle, et je te rends Corneille ! »
Et le peuple accourut.