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LE PARNASSE CONTEMPORAIN


LE CARREAU


Derrière l’épaisseur lucide du carreau
Un paysage grêle, une miniature,
Fait voir chaque détail plus petit que nature
Et tient entre les quatre arêtes du barreau.

Ce transparent posé d’aplomb sur le tableau
Montre un ciel triste encore et d’une couleur dure,
Des gens qui vont, les champs, des arbres en bordure
Et les flaques de pluie où l’azur luit dans l’eau.

Il semble qu’un burin très-aigu n’ait qu’à suivre
Le trait fin des maisons, les branchages de cuivre
Où le pâle soleil glisse un regard sournois.

Décalque compliqué comme une broderie,
Dont le caprice peut tenter la rêverie
D’un poète amoureux ou d’un peintre chinois.




L’ARCHE


Le grand cintre de l’arche encadre un clair tableau.
En attendant Avril et pour la bienvenue
Des fleurs, le ciel sourit et le froid s’atténue.
Au premier plan, la rive en pente douce, et l’eau.

Peinte légèrement du bout d’un fin pinceau,
Profilant sur l’azur sa silhouette nue,
Une ile, avec des airs de baigneuse ingénue,
Sort du fleuve, et les joncs lui font un frais berceau