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Le nectar ou l’absynthe, hélas ! que l’on reçoive
Le jour comme un bienfait ou comme un châtiment,
Il faut naître, il faut vivre… il n’importe comment !

Ainsi, mes pauvres vers, floraison languissante,
Entr’ouvrant leur calice à la rosée absente,
Sous les coups de l’orage, au sifflement moqueur,
S’obstinent à jaillir des fentes de mon cœur ;
Dans l’espoir qu’attendrie à je ne sais quel charme,
Vous leur pourrez donner l’aumône d’une larme,
Et que, même à la fête où l’on vous aime tant,
Votre grâce en fera sa parure un instant…
Tout meurtris, laissez-les vous chercher et vous suivre,
Et qu’ils meurent du moins… comme je voudrais vivre
Ou si, par un miracle, on les voit refleurir,
Qu’ils vivent à vos pieds… comme on voudrait mourir !




TERZA RIMA


Comme un poison subtil redoutons la pensée.
Moi, si j’avais vingt fils, ils auraient vingt chevaux
Qui, sous les grands soleils ou la bise glacée,

Les emportant joyeux, et par monts et par vaux,
Devanceraient la flèche et l’oiseau dans leurs courses :
Ils n’entendraient jamais parler de leurs cerveaux ;