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Dont vivent depuis vingt années
Les compilateurs les moins lus,
Thème usé, grenades fanées
Dont le libraire ne veut plus !

J’étais fatigué des Mauresques
Qui viennent ici chaque été
Nous imposer leurs pas grotesques
Sans décence et sans volupté ;

Fronts bas où l’humanité manque ;
Corps où rien n’est intelligent ;
Agilité de saltimbanque
Et réserve de vieux sergent !

Quand la foule accueillait les bandes
De tous ces pitres zingari
Qui conduisent leurs sarabandes
Au milieu d’un charivari,

Moi je pleurais les Terpsichores,
Blanches nymphes des jours anciens,
Sous les couchants, sous les aurores
Excitant les musiciens !

Mais vous paraissez ! La basquine
De ses contours roses et blancs
Ceint votre hanche qui taquine
Le désir des yeux indolents,

Et soudain l’Espagne plus pure
Revit par vous, astre des soirs
Par vous sa plus fraîche figure,
Et tous nos cœurs sont des miroirs !