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Des vieillards qui traînaient, — mornes, abandonnés,
Le néant dans le cœur, le néant dans la tête, —
Le long des tristes murs les débris de leur bête :
— Quand je sortis de là, j’allai je ne sais où,
Je marchai le cerveau malade, à l’aventure,
Je regardai sans voir, comme ferait un fou,
Le ciel, les arbres verts, bercés dans le murmure
D’un matin de printemps, — et restai tout le jour
Le front baissé, cherchant à comprendre où nous sommes,
Dédaigneux du Soleil, et méprisant l’Amour,
Oubliant tout, hormis la misère des hommes !




EN PASSANT PAR UN CHAMP DE FOIRE


Dans une cage de bois blanc,
Où manquait l’espace à ses ailes,
On voyait un aigle vivant
Qui tenait closes ses prunelles ;

Au-dessus de lui murmuraient,
Roucoulaient, agitaient leurs têtes,
Deux colombes qui s’adoraient
Selon l’usage de ces bêtes.

Et par instants l’oiseau royal
Abaissant ses beaux yeux moroses,
Regardait le couple banal,
Qui se contentait de ces choses !