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RÊVE D’ÉTÉ


Je voudrais me plonger dans la source féconde
Où l’herbe au sable fin mêle ses verts réseaux,
Et reposer auprès de la Naïade blonde
Qui s’épanouit là comme une fleur des eaux.

Moi-même j’épandrais de son urne profonde
La nappe bleue et claire où tremblent les roseaux ;
Et parfois je ferais envoler des oiseaux,
Pour voir le reflet noir de leurs ailes sur l’onde.

Ou tandis que l’eau vive, égarée au travers
Des grands arbres, ferait flotter les graines mûres,
Je dirais, amoureux de leurs sentiers couverts,

La fraîcheur de l’Été sous les sombres ramures :
Et la source ferait, de ses plus doux murmures,
Un accompagnement mélodique à mes vers.




L’ASILE


Les vieux tilleuls fleuris embaument… Le parterre,
Abandonné, végète au gré de la saison.
De la grille on ne voit qu’un pan de la maison
Petite et sombre au fond d’un quartier solitaire.

La maison est petite : et d’un air de mystère
Les massifs du jardin bornent son horizon.
Tout ce qu’ont écouté cette ombre et ce gazon
D’extatiques secrets, on voit qu’ils l’ont su taire.