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Ouïssant chanter les sirènes,
J’ai couru cent fois l’Archipel ;
Mais, dans le pays des Hellènes,
Nul ne répond à mon appel.

Vainement je me passionne
Pour la sagesse des anciens,
La Minerve de Sicyone
Garde leurs secrets et les siens.

O mon esprit ! quand tu t’enivres,
Mon cœur est toujours étouffé,
Comme la science en ces livres
Dont j’ai fait un auto-da-fé.

Dieux visibles et dieux occultes,
Du Paradis au Phlégéton,
J’interroge en vain tous les cultes
Depuis l’autel jusqu’au fronton.

Quand je suis avec les athées,
Je vois rayonner Dieu partout ;
Et devant les marbres panthées
Je m’incline et j’adore Tout.

J’ai reconnu l’autel antique
Avec Platon au Sunium ;
Mais j’ai vu l’église gothique,
Et j’ai chanté le Te Deum !

Michel-Ange devant sa fresque
M’ouvre un ciel sombre et radieux ;
Mais Phidias me prouve presque
Que tous ses marbres sont des dieux.