Page:Le Parnasse contemporain, I.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


J’ai, dans ma jeunesse irisée,
Vécu comme un aérien,
Poursuivant ma blanche épousée
Au contour euphranorien ;

Fuyant la vision brûlante
Que je recherche tant depuis,
J’ai saisi toute ruisselante
La vérité sortant du puits.

J’ai vu Rachel à la fontaine,
Judith, Suzanne et Dalilah ;
J’ai surpris la Samaritaine
A l’heure où Dieu la consola.

Madeleine la pécheresse,
Avec passion je l’aimai !
Et Diane la chasseresse
D’un vert amour du mois de mai.

Diane, je me suis fait pâtre
Pour voir tes pieds nus sur le thym !
D’Aspasie et de Cléopâtre
J’ai rallumé le cœur éteint.

J’ai lu les pages savoureuses
Du beau roman vénitien
Dans le regard des amoureuses
De Giorgione et Titien.

J’ai trouvé la cythéréenne
Dorée au flanc comme un raisin,
Et la pâle hyperboréenne
Ciel dans les yeux et neige au sein.