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Dont la froideur savante, excitant le désir,
Me soumette l’époux que je voudrai choisir.
Qu’importe à ma beauté, que l’amour autour d’elle
Ravage cette foule à qui je suis rebelle,
Si ma virginité peut enfin y trouver
Celui que ma raison m’ordonne de rêver.
Sur l’autel de l’amour sacré qui la demande,
Je n’immolerai point ma jeunesse en offrande,
Car je veux m’épargner l’embarras des regrets ;
Mais que j’aie un époux et nous verrons après ! »


III


Ainsi donc, ce désir invaincu qui soulève,
Pendant la nuit, le sein de la vierge qui rêve
Et tremble, émoussera toute sa volupté
Contre les appareils de votre vanité !
— En descendant du bal, regardez dans la rue.
Tremblante aux becs de gaz une lumière crue
Qui miroite, comme un rayon dans un lac noir,
Sur l’humidité sombre et vague du trottoir
Paillette, au fond de l’ombre, une robe de soie
Furtive. — Regardez : — cette fille de joie
En quête d’un amant comme vous d’un époux,
Cette prostituée est plus chaste que vous.