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» Mon corsage est une œuvre exquise d’élégance. —
Des jupes à longs plis j’aime l’extravagance.
(La traîne exigerait peut-être un négrillon.)
Nos grands cerceaux nous font marcher comme des reines,
À pas lents et rhythmés. — Autrefois leurs marraines
N’habillèrent pas mieux Peau-d’Ane et Cendrillon.

» À dater d’aujourd’hui je recommence à vivre.
L’air pur, le grand soleil, les roses, tout m’enivre.
Le chant des rossignols monte au ciel réjoui.
Il est juste qu’enfin mon pauvre cœur renaisse.
Il me faut, pour charmer ma seconde jeunesse,
Un amour de vingt ans tout frais épanoui.

» Je veux aimer. — J’ai soif des sources ignorées,
Et me souviens parfois des biches altérées
Soupirant, au désert de l’Ancien Testament,
Après le miroir bleu des limpides fontaines
Qui, sous les tamarins des oasis lointaines,
Entre les fleurs des eaux dorment si clairement ! »




MATIN D’OCTOBRE


Le soleil s’est levé rouge comme une sorbe
Sur un étang des bois : — il arrondit son orbe
Dans le ciel embrumé comme un astre qui dort ;
Mais le voilà qui monte en éclairant la brume,
Et le premier rayon qui brusquement s’allume
A toute la forêt donne des feuilles d’or.