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FLEURS DU CHEMIN




J’obéis aux vouloirs d’une fille aux yeux pers.
En regardant ses yeux, je pense aux mers profondes
Dont l’abîme inconnu désespère les sondes :
Si je veux lire au fond de ses yeux, je m’y perds.

Qui jamais résoudra le bizarre problème
De son cœur ?… Est-ce moi, qui ne m’explique rien
Quand je veux essayer de voir clair dans le mien,
Et qui reste une étrange énigme pour moi-même !

Sa mère était la fleur des belles d’Ouessant,
Où naufragea son père, un pêcheur de Guérande…
Leur fille vint en mer. — Sa bouche est un peu grande,
Mais j’en admire mieux son rire éblouissant.

J’ai trouvé ce bonheur dans ma vie à mi-côte. —
Si d’autres voyageurs avant moi sont venus,
Je n’en veux rien savoir : ils me sont inconnus…
Je bénis la maîtresse où je suis l’heureux hôte.

Curieux de la Cause, inquiet du Pourquoi,
J’ai battu le chemin des sèches théories ;
Je m’en vais aujourd’hui par les routes fleuries
(Un sentier de printemps reverdit devant moi) ;