Page:Le Nouveau chatouilleur des dames, 1880.djvu/74

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
50
LETTRE IV

nous voir en tête-à-tête, lorsque le bruit d’une clef tournant doucement dans la serrure de la porte qui donnait sur le cabinet, me fit tressaillir. Je me levai fort effrayée, personne autre que moi-même ne passant jamais par là ; mais, à ma grande joie, ce fut mon cher garçon que je trouvai devant moi. Bonté du ciel, m’écriai-je, Henri comment êtes-vous arrivé ici ?” — Silence, me dit-il en posant un doigt sur ses lèvres, venez avec moi.” Il éteignit la lumière qui se trouvait dans ma chambre, et passant son bras autour de ma taille, me conduisit dans le cabinet où, grâce à la porte vitrée, l’on voyait assez clair, pour qu’il nous fût possible de nous placer sans faire de bruit à l’endroit où j’avais coutume de me tenir cachée. Henri avait déjà posé deux coussins devant la porte pour nous permettre de nous y installer à genoux et il avait arrangé le rideau de manière à nous laisser observer tout ce qui se passerait dans le boudoir. À ma grande surprise, il s’y trouvait trois personnes. Je m’attendais d’ailleurs à y voir M. Everard et ma tante et je n’eus pas de peine à reconnaître la troisième, une très jolie fille de dix-sept ans qu’à mon retour j’avais trouvée installée auprès de Lady Lovesport en qualité de femme de chambre, bien qu’elle se trouvât maintenant dans une situation très différente de celle où je l’avais vue jusqu’alors. M. Everard était auprès d’elle. Il était évident qu’il s’était