Page:Le Nouveau chatouilleur des dames, 1880.djvu/51

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
27
LETTRE III

était en réalité le cas, que ma tante, en remarquant du mouvement dans le bosquet, avait cru à la présence de son amant qu’elle savait devoir revenir le jour même et qu’en apprenant le contraire, elle retournait sur ses pas pour découvrir qui avait pris sa place.

Pour moi, je fus obligée, bien que j’eusse donné tout au monde pour pouvoir avertir le pauvre Henri, de retourner à la maison avec M. Everard qui, évidemment stylé par ma tante, ne me perdait pas de vue, et j’entrai au salon pour attendre le retour de Lady Lovesport. Je la vis bientôt traverser la pelouse et je me dirigeais vers la porte comme pour aller à sa rencontre lorsque je l’entendis charger la femme de chambre de faire monter Henri dans son boudoir dès qu’il serait rentré.

Je sus plus tard que ma tante, ainsi que je l’avais pensé, avait effectivement conçu des soupçons et qu’elle était retournée jusqu’à un endroit d’où il n’était pas possible de sortir du bois sans être vu. Elle n’eut pas longtemps à attendre et aperçut bientôt le coupable qui sans se douter qu’on l’observait, s’en allait tranquillement avec l’intention de revenir au logis comme s’il arrivait d’une autre direction. Lady Lovesport n’essaya pas de se dissimuler aux regards d’Henri ; aussi la voyant seule et évidemment occupée à surveiller ses mouvements, celui-ci comprit-il qu’il était découvert. Tout d’abord, il fut assez en peine de savoir