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XII

collège de France et membre de l’Académie Française et de celle des Sciences, se faisait fouetter hebdomadairement par des courtisanes pour retrouver un peu de vigueur.

Mais de tous les pays où la flagellation publique et privée a été pratiquée avec le plus de science et sur les plus vastes étendues, il faut citer l’Angleterre. Singulière anomalie ! C’est précisément chez le peuple qui se pose vis-à-vis des autres nations comme le peuple vertueux par excellence où l’on conserve encore, précieuse et intéressante relique du passé, l’usage de fouetter les jeunes filles. Les campagnes récentes entreprises par plusieurs journaux de Londres contre les fessées dans les écoles enlèvent tout doute à cet égard. Mais cette vertu et cette moralité dont nos voisins d’outre Manche se targuent, les abominables scandales d’hier viennent de les réduire à ce qu’elles sont en réalité, une hypocrisie nationale. La morale du reste, je parle de la morale publique, n’est au fond que l’hypocrisie publique. Les anciens prêtres de l’Inde, qui n’étaient pas des sots, l’avaient bien comprise aussi, car la morale en langue sanscrite s’appelle andaniti, le régime du bâton.

Un jeune poète a parlé en vers de grande envergure de ces âges, inconnus aux vertueux à systèmes[1] :

  1. Les cultes fauves par Émile Chevé.