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LETTRE VII

nous sommes séparés pour le moment, bien loin de mettre [un] empêchement aux faveurs que vous daigneriez m’accorder elle sera enchantée d’apprendre que j’ai pu acquitter en partie notre dette de reconnaissance à tous deux en contribuant à vos plaisirs, et je suis certain que son contentement ne sera pas moindre en apprenant que de mon côté, il m’a été donné de les partager.

Quand j’eus fini de parler, elle colla de nouveau ses lèvres sur les miennes et me donnant un tendre baiser elle me dit : Merci, mon cher enfant. Votre franchise me plaît et je suis encore plus ravie de voir que je ne me suis pas trompée et que si vous aimez Émilie vous êtes également payé de retour. Loin de mettre des obstacles à votre amour, je suis enchantée de savoir qu’il existe et bien que vous puissiez me croire cruelle de vous avoir séparés pendant une année entière, mon seul but, en agissant ainsi, était de mettre votre amour à l’épreuve et de voir s’il résisterait à l’absence. En outre, jeune coquin, je craignais d’après ce que j’avais vu de ce petit méchant qui recommence de plus belle à me tourmenter, qu’il ne tarderait pas à jouer de mauvais tours à cette pauvre Émilie, qui n’est pas en âge de jouir de ses effets, et dans votre intérêt à tous deux, j’ai jugé qu’il valait mieux vous séparer, jusqu’à ce que vous soyez mieux en état de vous livrer aux plaisirs de l’amour.