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LETTRE VII

vous êtes, je le crains bien, ce méchant vaurien sera le tentateur des dames et les fera tomber dans le péché. Comment résister, en effet, aux attaques d’un si charmant combattant ?

Je lui jetai un regard suppliant, comme pour la prier d’avoir pitié de moi, et de se laisser aller à la tentation dont elle parlait, mais quelle ne fut pas ma consternation quand elle ajouta tout à coup : Voyons, mon cher Henri, que dirait Émilie si elle vous voyait dans cette situation et si elle se doutait du péché mignon que vous voulez me faire commettre ? Je me sentis fort troublé à ces paroles et je ne pus prononcer un seul mot. Je restai à la contempler, ne sachant que dire ni que faire. Ma surprise de l’entendre aborder ce sujet de conversation à un moment pareil et la pensée que, malgré mes bonnes intentions à votre égard je commettais cependant, jusqu’à un certain point, un acte d’infidélité envers vous, m’interloquèrent au point que je sentis mon valeureux champion, qui jusqu’alors avait dressé son écarlate étendard avec tant de vigueur et de puissance, perdre tout à coup de ses formidables dimensions et mollir sous ses doigts. Elle s’en aperçut et poursuivit en raillant : Ah ! je vois bien que ce petit traître est tout honteux et qu’il se repent de son infidélité envers sa dame ! Voyons, n’ai-je pas raison ? N’en est-il pas ainsi ? Ne craignez-vous pas qu’elle ne s’offense de votre mauvaise conduite ?