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LETTRE VII

sans expérience, qu’ils se passeraient avec l’âge, et je dois vous dire que pendant l’année qui vient de s’écouler j’ai été plus que jamais satisfaite de votre conduite. J’étais cependant à cent lieues de me douter que ce changement ne devait pas être attribué, comme je le pensais, à l’âge qui vous apportait un surcroît de sagesse et de bon sens ; je reconnais maintenant que chez vous, ces deux qualités se sont développées au delà de mes espérances, et que je puis sans crainte vous fournir les explications que je désirais remettre à une époque plus reculée et qui, jusqu’à un certain point, vous révéleront le secret de ma conduite. Vous n’ignorez pas que feu mon mari était beaucoup plus âgé que moi. Je me décidai, pour certaines raisons de famille, dans lesquelles il est inutile d’entrer, mais qui intéressaient certaines personnes beaucoup plus que moi-même, de l’épouser alors que j’étais presque encore une enfant. Je reconnus bientôt mon erreur, et je m’aperçus que le rang et les richesses ne tiennent pas lieu de ces plaisirs qu’une jeune fille a le droit d’attendre du mariage, mais que mon mari, — je ne tardai pas à m’en apercevoir, — était absolument incapable de me donner. Tous ses vains efforts restaient insuffisants et au lieu d’éteindre le feu qui me dévorait, ils ne faisaient qu’exciter mes désirs.

Après que j’eus subi ce supplice de Tantale pendant quelques mois, mon mari me dit qu’il