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— III —


Cette sortie matinale pour la messe n’était pas si pénible. Le plus difficile, c’était le lever dans la nuit d’hiver. Ensuite, Louise Janson se sentait amplement dédommagée de son sacrifice, par le plaisir d’être seule sur la route, à respirer l’air neuf, et à voir peu à peu naître le jour.

L’obscurité régnait en décembre, lorsque Louise quittait la maison. Du sommet de sa colline, se devinait une lueur au-dessus des montagnes. Puis, subitement jaillissaient des rayons qui dardaient le bout du clocher. Toutes ensemble montaient les fumées, s’étirant pour atteindre au plus vite cette clarté. Le village éveillé demeurait vide et silencieux. Protégé par ses montagnes chevauchant l’horizon comme un troupeau d’énormes bêtes, niché dans son creux sous le ciel qui préparait la lumière, il gisait, « égouttant son sommeil ».

Cette savoureuse expression, qu’employait si souvent sa mère, lui revenait à l’esprit pendant que Louise contemplait ce qu’elle appelait son « lever de rideau ». Le soleil montrait la moitié de son orbe dans une dépression entre deux sommets. Les fumées se teignaient de rose, les pignons rouges, verts, jaunes, brillaient, revernis, à mesure