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— II —


Dans le coin le plus reculé du wagon, exténuée au point de croire qu’elle ne pourrait plus se relever, Madeleine se laissa tomber sur une banquette. Après un long mois de chagrin immobile et de réclusion, elle venait de vivre deux semaines épuisantes en démarches, en range­ments, en travaux manuels trop durs pour ses habitudes.

À la réunion d’anciennes élèves, le jour où Madeleine avait acheté le costume de ski, Hélène n’avait point perdu son temps. Expansive, elle raconta spontanément à ses compagnes, le drame de sa jeune sœur, son état de dépression, le problème qu’elle posait à sa famille. Elle mentionna le projet d’un séjour dans les Laurentides, parla de l’appartement, et, grâce à la crise du logement qui sévissait, en quelques minutes, elle trouva à le louer extrêmement cher, si Madeleine pouvait le quitter dans un délai de quinze jours.

Poussée par ces circonstances, la jeune femme n’avait eu ni le loisir de réfléchir, ni celui de refuser pareille aubaine. Elle vida hâtivement des tiroirs, disposa de tout ce qu’il ne fallait pas inutilement conserver, remplit des valises, des caisses, choisit des livres, brûla des papiers.