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LA MONTAGNE D’HIVER

dans une forêt sans issue. Mais des flèches fixées au croisement des pistes, indiquaient les directions. Vers une heure, ils atteignaient une hauteur dénudée, où tout de suite la chaleur du soleil étonnait. Le jour était sans vent. C’était un endroit merveilleux pour casser la croûte.

Chacun n’avait apporté que les sandwiches et les fruits que pouvaient contenir ses poches. Pour se désaltérer, une orange et de la neige. Après un repas aussi frugal, ils reprenaient la route encore allègres et dispos. Parfois, ils avaient mangé à l’hôtel avant d’entreprendre l’excursion. Le service lent leur avait fait perdre le plus beau du jour, les forçant ensuite à se hâter pour atteindre le train du retour.

Après la halte, de nouveau, c’était l’ascension : toujours la forêt et quelques beaux tournants faiblement inclinés. Finalement, la piste grimpait pour aborder un autre plateau, qui dominait toute la vallée. Ils apercevaient maintenant la Rivière du Nord, des granges et des maisons éparpillées, et au loin, à droite, la butte derrière laquelle se cachait la petite ville de Sainte-Adèle-en-haut. Ils attaquaient une pente qui plongeait et aboutissait à une barrière ouverte, très étroite. Vaincre cette difficulté, rendait Madeleine très fière. Elle se sentait agile, elle n’éprouvait aucune fatigue et elle aurait voulu marcher encore des milles et des milles.

Le soleil baissait, colorant déjà le paysage. La course était achevée. Ils approchaient du grand ruban noir et serpentant du boulevard laurentien. Ils rejoignaient le bord accidenté de l’étroite rivière au Mulet et dix minutes plus tard, ils pénétraient dans une auberge, pour boire un café et manger un peu, avant de reprendre le train à Mont-Rolland.

Au retour, Madeleine était intarissable pour décrire les montagnes et pour raconter à Jean les incidents cocasses