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LA MONTAGNE D’HIVER

L’atmosphère du train du nord, détendait vite la jeune femme. Elle se laissait pénétrer par la gaieté ambiante. Tout le monde était joyeux. Curieusement, les rares voyageurs en tenue de ville, ne semblaient pas à leur aise, parmi tant de costumes de sport, et tant de skis qui pointaient entre les banquettes. Des jeunes filles chantaient. Le groupe, dont faisait partie Madeleine, contribuait à l’allégresse générale. Les hommes plaisantaient, contents comme des gosses d’être en chemin de fer, au lieu d’avoir la responsabilité de leur propre voiture. L’avantage, c’était de descendre à une station et d’être libre de reprendre le train à une autre gare. Du village de Sainte-Marguerite jusqu’à la petite ville de Sainte-Adèle, ni la distance, ni les difficultés n’étaient trop grandes pour les skieurs d’occasion qu’ils étaient. Le trajet parcouru maintes fois leur était familier.

Dans une minuscule chapelle élevée sur une butte, tout près de la gare de Sainte-Marguerite, un prêtre attendait l’arrivée du train pour célébrer sa messe. Grâce aux adoucissements apportés par l’Église au jeûne eucharistique, ceux qui le désiraient pouvaient communier à onze heures. Cette façon de commencer une excursion disposait bien l’esprit. Madeleine oubliait la rancœur qui l’avait obsédée et elle plaignait son mari de n’être pas du voyage.

Sur le perron de la chapelle, après la messe, éblouis par la lumineuse magnificence du paysage, ils demeuraient un moment à le contempler. Puis, chaussant leurs skis, ils s’élançaient dans la descente vers l’Auberge des Pins. Deux lignes parallèles bien tracées suivaient la route des voitures où passaient des carrioles remplies de gens apparemment heureux. Les grelots tintaient aux attelages des chevaux. Les traîneaux peints de couleur vive, les cochers avec leurs capes de grosse fourrure, la note rouge, bleue, jaune, des anoraks, les capuchons que portaient les touristes, tout contribuait au pittoresque du spectacle.