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LA MONTAGNE D’HIVER

cherchait constamment la compagnie de quelqu’un et Madeleine seule, serait toujours disponible.


Dans sa chambre, un peu après, la jeune femme s’étonna de s’être sentie si heureuse au moment précis où Maryse mourait. Était-ce un message ? Y avait-il une relation entre cet état d’âme insolite et le retour à Dieu de son amie d’un jour ?

Maryse était retournée à Dieu sans avoir pourtant souhaiter de Le voir, de Le connaître au plus tôt. Elle n’était qu’humaine, elle ne s’était pas, en apparence du moins, avancé suffisamment dans la mystique pour cesser de redouter les secrets de l’Éternité.

Pourquoi la mort nous faisait-elle si peur ? Parce que c’était une punition ? L’Éthiopien de l’Épître poursuivait son chemin plein de joie ; il avait immédiatement compris la grâce insigne du baptême. Illogiques, nous ne la comprenons pas, nous sommes incapables de l’apprécier à sa valeur. La mort continue à nous effrayer autant, même si nous savons que la fin de la vie, ne doit représenter pour nous que l’espérance d’un bonheur enfin totalement éclairé. Mais hélas, pensait Madeleine, quelle frayeur physique nous ressentons.

L’Éthiopien pouvait poursuivre son chemin plein de joie. Il avait compris. Nous ne comprenions qu’à demi. Maryse était retournée à Dieu sans avoir le temps de consentir vraiment au départ définitif, mais avec une confiance qu’elle avait maintes fois exprimée. Elle se présentait à Lui avec son cœur franc, son honnêteté, la secrète piété qu’elle avait dissimulée et que son chapelet, son missel toujours à portée de sa main, sur la table de chevet, révélaient. Maryse taquinait Louise sur les Anges gardiens,