Page:Le Normand - La Montagne d'hiver, 1961.djvu/152

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA MONTAGNE D’HIVER

— Maryse, morte !

— Oui, à onze heures. On vient de me téléphoner.

— Maryse morte !

— C’est difficile à croire. Je la vois avec nous, il y a quinze jours, si vivante, si joyeuse. Il me semble que son rire est resté dans la maison et que je l’entendrai toujours…

— Maryse, morte ! répétait Madeleine consternée.

— Elle a fait une embolie, il y a trois jours. À l’hôpital, plus tard, elle a repris connaissance, on a cru qu’elle s’en tirerait. Un tout petit peu de paralysie faciale subsistait seulement… Quand sa mère l’a retrouvée le lendemain de la crise, elle avait une expression de bonheur que Madame Gérin lui avait rarement vue. Elle ne souffrait pas, elle se sentait si normale qu’elle ne comprenait pas ce qui lui était arrivé. Elle resta joyeuse même après l’avoir appris. Et elle avait déjà la force de plaisanter.

Sa mère est revenue chez elle rassurée. Dans la nuit, pourtant, la malade dut s’éveiller et oublier la gravité de son état. Au lieu de sonner, elle s’est levée. L’infirmière de garde entendit dans le silence le bruit d’une chute. Elle trouva Maryse étendue sur le plancher et de nouveau inconsciente. Le médecin rappelé à la hâte constata qu’aucun espoir n’était plus possible.

Sa mère ne la revit que sous la tente d’oxygène, venant d’être administrée, un crucifix noir entre les mains. Quelle douleur ! Déjà morte, en somme, pour toutes les choses de la terre qu’elle avait aimées et qui l’avaient aimée. Déjà morte, mais si la mort était là, le dernier souffle tardait et sans aucun espoir, l’horrible attente se poursuivit pour la mère qui repassait dans son cœur tout ce que cette vie lui