Page:Le Normand - La Montagne d'hiver, 1961.djvu/140

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA MONTAGNE D’HIVER

scène, les dialogues vifs et courts, l’élément surprise ou inquiétude ; et encore, les longs moments où l’auteur n’a même pas de dialogue à composer, mais uniquement des tableaux, des rues, des tramways, et dans une suite d’images, l’expression d’un acteur ou d’une actrice qui marche, pédale, ou qui, comme toi, au volant de ta voiture, est animée d’une émotion particulière… Ce doit être passionnant tout cela. Je te jure que tu réussirais. Si j’avais ici une machine enregistreuse, je la mettrais en marche, quand tu nous racontes une de tes expériences, et tu verrais à quel point les innombrables dialogues que tu rapportes de tes aventures, sont du véritable théâtre. Le mot de la fin n’y manque jamais. Je ne veux pas te porter aux nues, rien ne se gagne sans peine. Il faudrait que tu travailles. Mais si tu le faisais, je suis convaincue que tu serais une acquisition pour notre vidéo. Et ton sac à main se remplirait d’argent. Tu en oublierais les charmes de Charles. Et tu pourrais même te servir de quelques unes des scènes que tu m’as déjà racontées, dont vous étiez les acteurs…

— Vous croyez vraiment que mon esprit n’est pas devenu trop faible, trop errant ?

— Tu le disciplineras. Tu es encore capable de beaucoup d’enthousiasme. Au lieu de t’en servir en pensant à un coquetel, ou à une robe, tu l’utiliseras pour monter tes pièces…

***

Madeleine assistait parfois à de pareils entretiens. Elle les écoutait, silencieuse, se mêlant très peu à la conversation. Lorsque, seule, elle s’en allait ensuite en ski, elle réfléchissait à ces contrastes qui distinguaient si profondément ses compagnes d’infortune. Maryse était en apparence