Page:Le Normand - La Montagne d'hiver, 1961.djvu/138

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA MONTAGNE D’HIVER

— Mais justement, c’est ce qu’il te faudrait pour guérir. Au physique et autrement, la résignation à l’existence telle qu’elle est…

— La résignation ! C’est pire ! la résignation ! une plaie d’Égypte…

— Ça dépend de ce que tu entends par résignation. Dis acceptation, si tu aimes mieux…

Toute discussion paraissant inutile, Louise s’empressait de détourner la conversation. Et elle n’attaquait jamais la première ces sujets brûlants.

Elle ne considérait pas le bonheur terrestre comme le but de la vie. Maryse pourchassait ce bonheur, malgré sa santé ruinée, ses illusions détruites. Même si l’apparence de la jeunesse demeurait son partage, il n’y avait de miracle pour personne sur ce chapitre. Maryse, comme Louise, redescendait le versant qui ramène à la terre.

Cet ennui, qui rendait un son si tragique, quand subitement Maryse cessait de rire pour l’exprimer, n’était pas uniquement l’écho de son nostalgique regret d’amour humain, mais la peur de la vérité. Maryse vivait sous la menace d’une crise cardiaque. Acculée à ce mur, elle ne pouvait pas le dépasser et tournait en rond, à toute vitesse pour n’avoir plus le temps de penser à son destin.

Elle disait à Louise, parfois :

— Cela me sera égal de mourir. Je m’ennuie trop.

Attendrie, celle-ci entreprenait alors de la remonter, de l’orienter vers plus d’espoir.

— Tout n’est pas perdu, Maryse. L’avenir dépendra de toi. Arrête-toi. Écoute enfin ton médecin. Des cardiaques prudents vivent jusqu’à une vieillesse avancée. Organise ton existence pour moins t’agiter. Et si tu utilises enfin