Page:Le Normand - La Montagne d'hiver, 1961.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LA MONTAGNE D’HIVER

sens romantique. Cette musique conviendrait bien à nos danseuses en flammes… supplia Georges.

Maryse échappa son grand rire et elle obéit. Georges se tut pour écouter Chopin, l’éternel Chopin. Et les flammes vives, gracieuses, se déployèrent au son de la douce et suave musique. Jamais une figure de cette danse ne copiait exactement la précédente. Les bûches devinrent incandescentes, les petites danseuses y creusèrent des grottes, s’y cachèrent, reparurent en se poursuivant pour se transformer subitement en feux-follets et monter vite au fond de l’âtre où elles s’évanouissaient.

Ne remuant plus, Georges et Madeleine sentaient leur extrême lassitude et ils admiraient sans parler. Maryse voulut allumer une lampe. Ils protestèrent.

— Pas de lumière ! avec ce feu.

— Et bien, parlez, alors, si vous ne voulez pas que j’allume pour lire.

— Maryse, dit Georges, vous êtes plus belle à la lumière du feu. Vos cheveux sont alors terriblement noirs et brillants.

— C’est cela, nourrisson, faites-moi des compliments pour que je me soumette à vos caprices, et que je vous croie sincère. J’allume…

— Non ! non ! The end of a perfect day ! N’en gâtez rien. A perfect day, sans mes blondes ! C’est incroyable ! Mais on ne peut pas tout avoir. J’ai déjà trois femmes à mon service. Et Madeleine, pour le ski, c’est la compagne d’élite. Vous Maryse, vous seriez épatante au bal. Mais Madeleine a toutes les qualités sportives que je voudrais trouver chez mon élue. Elle va son petit bonhomme de chemin avec un peu d’indépendance, elle ne me demande pas d’ajuster ses skis, ou de nouer la courroie de sa chaussure. Elle n’a ni trop froid, ni trop chaud. Elle ne crie