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LA MONTAGNE D’HIVER

de la montagne, puis, entendirent un grondement pareil à celui d’un invisible torrent.

Ce bruit montait de la grande route qui contournait la montagne. Comme des bolides y passaient continuellement camions, autocars, voitures.

— L’enfer est proche, dit Georges. Regardez les hommes se précipiter vers la ville.

— La porte de notre prison est ouverte !

Ce qui fascinait le regard, de la hauteur où ils se trouvaient, c’étaient les deux larges rubans de la route, dont l’asphalte rayait de noir le blanc de tout le pays. La ligne du chemin était aussi sinueuse que la ligne boisée qui, au plus profond de la vallée, indiquait les méandres de l’invisible Rivière du Nord.

Ils approchaient de Prévert et ils devaient entreprendre la descente. En plein élan, ils auraient un virage brusque et au bout, un arrêt tout aussi brusque, à cause d’un chemin très fréquenté qui coupait la piste.

Sur ce chemin qu’ils côtoyèrent ensuite un moment, des chalets de touristes étalaient de nouveau leurs pignons multicolores, leurs toits gonflés de neige. Vite, ils cherchèrent un autre sentier pour rentrer à travers bois.

— Ce pays est vraiment pittoresque, déclara Georges, se mettant à chanter dans la solitude retrouvée.

Madeleine avançait en silence, accordant sa pensée au rythme facile de la chanson. Voilà, songeait-elle, les gens vous regardent comme des bêtes curieuses, parce que vous aimez le ski. Ils ne comprennent pas. Pourtant, quels instants valent plus que ceux que vous vivez ainsi dans ces paysages ? quel air plus savoureux, quel spectacle que celui de la forêt en hiver ? Le contact avec la nature est si salutaire. Elle en sait quelque chose ! Aller en ski,