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LA MONTAGNE D’HIVER

Il y avait un tel regret dans la voix de la jeune femme que Georges n’osa plus plaisanter.

Ils se détournèrent pour s’engager dans le sentier qui traversait la forêt. La région était sauvage et belle. Souvent, ils s’arrêtaient pour admirer les triangles parfaits des grands et petits sapins entre lesquels poussaient des bouleaux. Ailleurs, des pins tendaient leurs rameaux alourdis de neige.

— Les épinettes forment une armée de clochetons…

— Et ce ciel. Peut-on imaginer pareil bleu. On dirait un lac. Avez-vous la même impression ? Avec cette bordure ininterrompue de montagnes, c’est à un lac que ce ciel me fait penser chaque fois qu’il est aussi bleu, aussi pur…

— Et ce sont les corneilles qui naviguent… Tenez, cinq à la fois… À pleines voiles, dit Georges.

— Ah ! Ne me reparlez plus des corneilles. Je ne veux plus les voir.

Mais rien n’empêcherait plus les corneilles de voler d’une montagne à l’autre, s’égosillant pour annoncer leur retour et celui du printemps.

La piste longeait une dépression entre deux grosses collines jumelées. Une paroi était hérissée de conifères. L’autre était rocheuse et brillante d’eau, que le gel avait figée dans sa chute. Le soleil luisait, la neige étincelait.

— Ça semble idiot de tant le répéter, mais c’est vraiment cela : des étincelles dorées, bleues, roses. Quel mirage, dit Madeleine.

À un carrefour, du bois vert était fraichement cordé, et ensuite, ils suivirent un chemin de voiture qui descendait vers la vallée. Les pins plus élevés bruissaient dans le vent revenu. Les skieurs dépassèrent quelques barrières ouvertes, ils aperçurent des maisons accrochées au flanc