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LA MONTAGNE D’HIVER

ici, mais il a un autre charme. La rumeur de la ville qui accompagne nos descentes, sa lueur et les jeux lointains de ses néons !… Et c’est encore ma mère, qui, comme blonde, me donne le moins de trouble. Elle est comme vous, cousine, elle n’est jamais fatiguée, et je ne sais pas comment elle s’y prend, mais elle ne tombe jamais. Mon père, lui, n’est pas sportif. Cent pour cent intellectuel. Sédentaire. Heureusement qu’il est rempli d’indulgence pour nos prouesses, même si notre exemple ne l’entraîne pas. C’est dommage pour ma mère. Aussi, ai-je décidé, moi, d’épouser une femme qui aimera le sport. Si c’est épatant d’aller en ski avec sa mère, imaginez le délice d’y aller avec sa bien-aimée ! Partager toute cette exaltation : le paysage, l’air, la joie des descentes réussies. Jusqu’ici, je n’ai pas été chanceux dans mes amours. Mes bien-aimées sont intelligentes, mais elles ont de tendres mères excessivement citadines, qui craignent tout. Comme si on ne pouvait pas se casser le nez ou les jambes ailleurs que dans la montagne. C’est heureux d’un côté. Cousine Louise ne m’accepterait pas dans sa maison avec ma « blonde ». Pas de couples sans bénédiction nuptiale !

— Mon petit Georges, c’est assez de te nourrir, sans avoir à te chaperonner.

— Me permettrez-vous de faire du ski avec Madame Madeleine ? Maintenant que je l’ai vue pratiquer le dérapage, je crois qu’elle est assez habile pour me suivre.

— Avec elle, tu te promèneras tant que tu voudras.

— Au fond, je ne pourrais pas avoir de plus jolie partenaire.

— Écoutez-moi ce galant en herbe !

— Merci du compliment, dit Madeleine.

— Il est sincère, vous savez. Il vous fait plaisir au moins ? Il vous dispose en ma faveur ?