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LA MONTAGNE D’HIVER

La neige était de qualité telle, que les virages s’exécutaient comme par magie…

— Avec cela, dit Madeleine, que vos virages, vous les faites sans effort.

— Vous m’avez vu ? Que je suis flatté.

— Il n’y a pas de quoi. Pas un chat, cet après-midi, sur La Solitaire.

— Alors, quand vous en avez vu un, vous l’avez regardé ! Mais au fait, vous êtes donc la petite dame qui s’exerçait à déraper dans l’à-pic ? Je vous ai remarquée, moi aussi, mes compliments.

Grâce à ce jeune homme, la maison changeait de ton. Georges y passait une quinzaine tous les hivers, il faisait partie de la famille, il était à l’aise comme chez lui. Après le repas, il rebâtit le feu dans l’âtre, pendant que Louise servait le café. Et assis sur le tapis, sa tasse à la main, il se remit à parler.

— L’amour du grand air, du sport, je le tiens de ma mère. Elle m’a enseigné à nager, à pédaler, à jouer au tennis, à aller en ski. C’est avec le ski qu’elle a eu le moins de succès. Il paraît qu’elle s’y est pris trop tôt. Je marchais à peine qu’elle m’en a acheté une paire et a essayé de m’amener avec elle.

« Tu comprends, m’a-t-elle avoué, si tu avais tout de suite voulu me suivre, j’aurais pu aller en ski tous les jours. Je n’aurais pas été forcée de rester à la maison pour te surveiller. Le ciel m’a punie. J’étais trop intéressée. Forcé de m’accompagner, tu as refusé de trouver cela drôle ! »

— Depuis, il faut dire que j’ai repris le temps perdu, et que je l’ai dédommagée. Nous habitons près de la montagne. Presque chaque soir d’hiver, elle y vient une heure avec moi. Le paysage ne vaut pas celui que nous avons