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LA MONTAGNE D’HIVER

— Désolé de vous quitter en sauvage, avant le pousse-café ! Je reviendrai ce soir, Jules. On m’attend au bureau. Au revoir, mesdames…


— Vous ne m’avez même pas dit son nom !

— Il vous plaît ? questionna Jules, taquin.

— Oui, plutôt. Mais il m’intrigue surtout.

— Pourquoi ?

— Pour tout. Parce que, Montréalais, il est établi dans le Nord. Parce qu’il a l’air à la fois vieux et jeune. Il est si vif, qu’on ne peut pas lui donner d’âge. Est-il autre chose qu’un sportif enragé ?

— Il est architecte. Il se nomme Alain Chartier, comme le poète du Moyen Age, un nom qui pullule dans les Laurentides. Il a des lettres, le nôtre aussi, mais je me demande comment il réussit à en avoir. C’est surtout un grand homme d’affaires. Il vit ici à l’année, mais en se mêlant à des entreprises importantes dans la métropole. Il est célibataire, probablement à cause des circonstances, plus que par disposition. Je ne suis pas certain qu’il en soit heureux, malgré son indépendance. Mais il est sûrement trop occupé pour s’en apercevoir. Quel type ! Mêlé à la politique, et aux bonnes œuvres, avec le même cœur. Il prétend que l’on doit s’occuper de politique, si l’on peut empêcher le pire, même si on se fait arracher quelques plumes dans la lutte. Il est différent de beaucoup des gens qu’il fréquente. Vous auriez dû accueillir avec plus d’entrain son projet de faire du ski avec vous. Il vous plairait et en même temps, nul meilleur guide pour les pistes des alentours, celles qui vont d’un village à l’autre. Mais vous avez dit Madame d’un tel ton !

— Est-ce que je pouvais dire autre chose ?

— Mais oui. On répond par une question, comme si