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LA MONTAGNE D’HIVER

se nomment A.B.C.D.E.F., etc… Et rien ne se fait, et tout s’envenime. Vous avez raison. Nos discussions ne servent à rien, pas même à nous éclairer. Parlons de ski, plutôt.

— Et c’est Jules et moi, qui n’aurons plus voix au chapitre ! Au moins, parlez-nous de vos chutes, cela pourra nous faire rire !

— Il n’y a pas de chutes… Nous avons du style, depuis que nous sommes aux Escarpements !

— Vous habitez aux Escarpements ? et Jules ne me l’a pas encore dit. Nous sommes voisins.

— Voisins ?

— Oui, et j’en suis ravi. Quand ces gens de la ville seront partis, il faudra partager notre isolement de campagnards et faire ensemble quelques excursions.

— De campagnards ! Écoutez-moi le, interrompit Jules. N’en croyez rien, de son isolement. En toute franchise, Madeleine, je dois vous apprendre que s’il est content de votre voisinage, ce n’est pas parce que vous êtes charmante, c’est parce que vous lui avez révélé que vous aimiez le ski autant qu’il l’aime. C’est sa passion. Elle a failli ruiner sa vie. Ses parents l’ont presque… déshérité, parce qu’il ne voulait pour rien au monde renoncer à ses fins de semaine dans le nord.

— J’ai réglé la question une fois pour toutes, en m’y établissant pour gagner ma vie. Me blâmes-tu d’avoir manœuvré de façon à avoir des loisirs à ma disposition, surtout l’hiver ? Tous ceux qui m’ont critiqué, avouent maintenant que j’ai eu du flair, et qu’en faisant à ma tête, j’ai fait fortune ! Même mon ami Jules…

— Tu as eu de la veine. Ton succès t’a permis d’avoir raison contre tous.