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LA MAISON

mentons ce triste fait, l’une de nous restée célibataire, entonne d’une voix tragique :

Pourquoi tarde-t-il à venir,
Quand je suis à l’attendre,
Craint-il, hélas, mon regard tendre
Et mon premier sourire ?…

Jusqu’au bout, elle chante sans rire, les vers ridicules et si pleins, dans les circonstances, d’un humour qu’ils ne contiennent pas. Sa voix pleure, implore, soupire et finit, larmoyante :

Puisque là-haut on aime mieux,
Je veux, je veux monter aux cieux !

Le lac est là, au pied d’une dernière descente : tout bleu, festonné de vert, écaillé d’or… Dans cinq minutes nous agiterons son eau limpide d’un crawl savant et rapide.

Après tout, nous ne sommes pas tellement vieilles. Le serons-nous jamais ?