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Beaux après midi du dimanche

L’intérêt de la lecture, magique comme un profond sommeil, avait donné le change à mes oreilles hallucinées et effacé la cloche d’or sur la surface azurée du silence. Beaux après-midi du dimanche. —
Marcel Proust

Ces deux petites filles, en vérité, pouvaient passer pour sottes. Sur la véranda d’une grande maison, en haut de la colline rocheuse que l’on atteignait du village par un trottoir coupé de degrés, elles avaient tourné le dos au paysage, à la nature, et placé leurs chaises pour ne plus voir que le mur beige qui sentait le soleil.

L’une était en blanc, l’autre en jaune ; ou l’une en rose, l’autre en bleu, car l’une était blonde, l’autre brune. Amies, cousines, elles se disaient jumelles, ayant vu le jour la même année. Elles avaient quinze ans, cet été-là, si je me souviens bien, peut-être un peu moins.

Et ces dimanches après-midi, c’était bien entendu, il n’y avait rien à faire. On ne les