Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/56

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[56]
LA MAISON


La robe du Jour de l’An

Depuis qu’elle était petite fille, toujours Colette avait eu sa robe du Jour de l’An. Cette année, elle n’en aurait pas. Se reprochant d’être futile, elle en avait tout de même du chagrin. Deux jours restaient encore de l’année mourante. Elle irait à la messe de minuit à Notre-Dame avec Pierre, et ensuite, réveillonner chez son amie Lucile.

Elle repassait en ce moment la robe qu’elle mettrait. Hélas, ce ne serait pas une robe du Jour de l’An ! Une tradition de sa jeune vie serait rompue, et pendant que son fer allait à l’envers du tissu de soie, elle se mit à revoir ses robes du temps passé.

La première dont elle gardait le souvenir précis était en cachemire rose garni de satin blanc. C’était sûrement une horreur. Ils demeuraient à la campagne. Elle pouvait avoir sept ans. Elle se trouvait bien belle cependant quand elle l’arborait cette robe. Elle se souvenait