Page:Le Normand - La Maison aux phlox, 1941.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
[54]
LA MAISON

douillette rose, elle fut promenée de pièce en pièce. Puis un jour, ce fut une apothéose. Elle vit déballer tout un trousseau enrubanné, une robe longue, une cape brodée de grosses fleurs de soie, un bonnet, des châles. Et tout cela était pour elle ! On la vêtit et pour qu’elle parût mieux, on l’étendit sur le grand lit…

Elle se crut vraiment ressuscitée, elle crut le bonheur revenu. Quand on lui enleva, le soir, tous ces beaux vêtements, nulle inquiétude ne la tourmenta. Tôt ou tard, on les lui remettrait. Sous la douillette rose, elle se rendormit.

Lorsqu’elle s’éveilla, personne ne se penchait plus sur elle. La maison était silencieuse et abandonnée. Les stores baissés ne laissaient plus pénétrer le soleil. Ce n’était plus l’affreux oubli du coffre noir, mais une solitude à la longue plus angoissante. Qu’était donc devenue son attentive maman ?

Des jours passèrent, dans ce silence. Elle attendit, comprenant de moins en moins. Puis, un soir, ce fut le bruit des portes ouvertes, elle réentendit soudain la voix, parmi d’autres voix. Elle eut un grand mouvement de bonheur ; on se précipitait tout de suite vers son lit.

Hélas ! c’était pour l’en déloger et la jeter négligemment dans un fauteuil. Et elle vit entrer une autre poupée, brillante des beaux