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AUX PHLOX
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Les Xixtes

Un peu anglais, un peu jersiais, un peu irlandais, mais surtout bohèmes, les Xixtes mènent la vie la plus heureuse, la plus insouciante, la plus libre du monde. Nul tracas ne vient jamais obscurcir leur ciel.

Pourtant, ils ont dix enfants, — achetés en dix ans de ménage. Leur maison est décolorée et leurs champs sont en désordre, mais ils possèdent aussi une vache, un cheval et une auto. Les couleurs de cette dernière sont peu brillantes, comme celles de la maison. Elle marche tout de même facilement, puisque l’aîné des garçons la démarre chaque fois que bon lui semble. À toute heure, il y monte, se met crânement à la roue, empile derrière lui cinq ou six de ses frères ou sœurs, et les promène sur le terrain tortueux, où nul chemin n’est tracé. On entend des éclats de rire pendant qu’il avance, recule, tourne, en dépit de la pente assez raide du champ. Et, l’heureux enfant !