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LA MAISON


Printemps

Le soleil insistant, indiscret, trop matinal traverse les stores les plus épais, vous éveille. Dans la rue, les laitiers entrechoquent des bouteilles. Les grenouilles de l’étang voisin ont cessé de chanter.

Vous entendez plus loin le tramway heurter les rails avec une espèce d’allégresse. Impossible de songer à redormir. D’ailleurs, vous n’en avez plus envie. Tout de suite vous pensez  : mes muguets !

Ces muguets que vous aviez cru tués par l’hiver, et que soudain, après les dernières pluies, vous avez découverts, minces pointes perçant d’abord la terre et qui se déplient et montrent la grappe odorante déjà formée…

Vous descendez. Un vent chaud souffle doucement ; le sol humide, miraculeux, a fait dans la nuit des merveilles. Les lis, les iris ont grandi de façon incroyable ; les passeroses grossissent presque trop ; la bergamote embaume et progresse.