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LA MAISON

avec art, les autres maladroitement. L’eau claque, jaillit, pendant que les cris fusent en chœur.

Un oiseau passe très haut à tire d’ailes. Des baigneurs, ou de l’oiseau, lequel est le plus heureux ? L’air est-il meilleur que l’eau ?

L’eau est meilleure, pensent les baigneurs qui reviennent, assaillent de nouveau le plongeoir mouillé, ballotté, secoué ; il craque, il gémit, il enfonce, il va couler. Les maillots rouges, bleus, verts, les maillots noirs les uns après les autres s’élancent, sautent et enfin s’éloignent pour tout de bon. Le bain est terminé.

Le tremplin tranquillement reprend son aplomb ; et, grisâtre, la gueule ouverte, le crocodile se sèche le dos, se repose sur les rides emmaillées d’or de l’eau ensoleillée…


III

Ô nature…

Ah ! la vilaine pluie qui détruit notre beau royaume. La vilaine pluie qui emporte nos belles feuilles, nos feuilles blondes, nos feuilles rousses, nos feuilles d’or.

Elles volent toutes ensemble, comme des oiseaux migrateurs mais elles ne volent qu’un