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AUX PHLOX
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teaux en Espagne. Il y avait les visites chez les chers voisins, le phono qu’on leur laissait monter, les belles symphonies qu’ils choisissaient, et les rengaines amusantes dont ils ne se lassaient pas ; il y eut d’exceptionnel la pêche au saumon ratée, mais mouvementée comme une page de feuilleton, avec les douze milles de marche, la cueillette des noisettes, le passage à gué de la rivière… et les douces petites truites rapportées au bout d’une flexible branche… Et tous les jours il y eut la pêche aux moules, sur les rochers glissants, et les délicieuses promenades en forêts, et tout le temps, la mer.

Le beau bruit de la mer, les belles couleurs de la mer du matin, de la mer du midi, de la mer du soir ; il y eut la mer calme, satinée, il y eut la mer furieuse, la mer toute grise et blanche, la mer écumante qui léchait à chaque vague toute la plage, et la laissait couverte d’une mousse exactement comme une neige. Il y eut les bains dans ces vagues énormes, fouettantes qui lançaient soudain les baigneurs et les couchaient de gré ou de force, en plein sable. Il y eut des heures et des heures, inoubliables, splendides ; mais avec effroi, ils virent le calendrier des vacances s’épuiser ; et bientôt, le présent fut teinté d’angoisse, de regrets ; cinq jours encore, quatre, trois, deux…