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LA MAISON

ils bûchaient, ou flânaient, en regardant l’horizon d’où pouvaient toujours venir des navires.

À la moindre fumée aperçue de très loin, comme larrons ils se rejoignaient, et du même enthousiasme, enfourchant leurs bicyclettes, ils pédalaient rapides vers le quai. Le Miron L. ou le Méchin accostait ; ou quelque gros cargo venu pour la pulpe ; ils restaient auprès tout le temps du déchargement, et pour un instant ils cessaient de vivre uniquement dans le beau présent et désiraient partir pour un long voyage en mer…

Ou encore, qu’ils fussent dans la maison ou sur la plage, ils dressaient l’oreille comme de jeunes chiens, dès qu’un bruit de train se faisait entendre, et toujours ils couraient le voir passer. Un jour même l’aîné des deux fut invité à monter sur un petit bout de train de sable qui allait de Chandler à New Port, et revenait en reculant. Au retour il proclama avec exaltation que ce voyage en wagon découvert avait été le plus beau de sa vie, que c’était pour lui le seul moyen de vraiment voir et d’apprécier la Gaspésie…

Puis venaient les heures de midi, le second bain, le tennis… Et puis il y avait encore les fins de jour sans lampe, étendus devant le foyer où les bûches se consumaient, véritables châ-