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LA MAISON


Au bois magique…

Trois jeunes filles cherchaient des fleurs. Septembre commençait. Dans les prés mouillés d’embrun, seules poussaient encore d’éphémères campanules bleues, et des verges d’or rouillées de sel. Leur faudrait-il, pour leur table de fête, avoir recours aux jardins mieux abrités du village ?

Comme elles cherchaient toujours, en causant elles atteignirent l’entrée d’une forêt. Une route large s’engageait dans le bois d’abord assez clair, qui laissait voir entre ses arbres, des échappées sur le monde des alentours, la mer, le village. Des sapins, des épinettes par petits groupes, étalaient des rameaux riches et parfaits. Il avait plu. Ils étaient d’un vert qui luisait même sous le ciel gris. Le sol humide et mousseux, feutré d’aiguilles résineuses, était doux aux pieds. Imperceptiblement, la route rétrécissait ; elle fit bientôt place à une sente étroite, sinueuse, et les branches frôlaient les robes pâles.